Sud-Kivu : Les participants à l’atelier sur la justice transitionnelle recommandent la cartographie juridique pour l’affectation des magistrats
Dans le cadre de la lutte contre l’impunité et de la promotion des droits des victimes de crimes graves au Sud-Kivu, un atelier organisé par RACOJ et l’ONG internationale Impunity Watch s’est tenu le 13 novembre 2024, avec l’appui de l’ambassade des Pays-Bas en RDC.
Cet événement a réuni des acteurs influents de la société civile régionale pour échanger et formuler des recommandations concrètes visant à améliorer l’accès à la justice pour les victimes dans une région marquée par des décennies de violences.
Les participants ont proposé une série de mesures essentielles pour instaurer une justice transitionnelle efficace, qui soit véritablement au service des communautés touchées.
1. Cartographie des instances judiciaires dans les zones de crimes
Les participants ont mis en avant la nécessité de réaliser une cartographie exhaustive des juridictions locales dans les zones les plus affectées par les violences. L’objectif est de recenser les tribunaux et de favoriser l’affectation de magistrats spécialisés pour traiter les affaires de crimes graves. Selon les participants, cette initiative pourrait renforcer les capacités des juridictions locales et réduire les délais de traitement des dossiers, améliorant ainsi l’accès à la justice pour les populations vulnérables.
2. Plaidoyer renforcé auprès des Ministères de la Justice et des Droits Humains
Une autre recommandation clé a été de renforcer les efforts de plaidoyer auprès des ministères de la Justice et des Droits humains pour les inciter à agir de manière coordonnée. Les participants souhaitent que ces deux ministères unissent leurs forces pour instaurer des réformes structurelles permettant une réponse plus rapide et adaptée aux attentes des victimes. Une action concertée entre ces institutions est vue comme un levier crucial pour accélérer les progrès vers une justice transitionnelle en RDC.
3. Engagement accru des magistrats civils et militaires
Pour un traitement plus efficace des dossiers de crimes graves, les participants ont appelé les autorités provinciales à encourager activement les magistrats civils et militaires à se saisir des affaires en souffrance. En intégrant ces magistrats dans les processus judiciaires, les acteurs civils espèrent renforcer la crédibilité du système judiciaire et restaurer la confiance des populations locales envers l’appareil judiciaire.
4. Facilitation de l’accès au FONAREV pour les victimes
L’accès au Fonds National de Réparation pour les Victimes (FONAREV) reste un défi majeur pour les survivants. Les participants ont ainsi recommandé de simplifier les démarches administratives, afin que les survivants de violences puissent plus facilement accéder aux fonds et bénéficier des réparations. En parallèle, des programmes d’accompagnement et de sensibilisation seraient mis en place pour orienter les victimes à chaque étape du processus.
5. Implication accrue des autorités provinciales
Les participants ont encouragé les autorités provinciales à jouer un rôle actif dans la lutte contre l’impunité en appuyant les initiatives de justice transitionnelle. Les autorités locales sont invitées à mobiliser les ressources nécessaires et à collaborer avec la société civile pour assurer un suivi des affaires de crimes graves. Ce soutien renforcerait la crédibilité du processus de justice transitionnelle et permettrait une meilleure prise en charge des victimes.
6. Inclusion des aspirations des victimes dans le processus de justice
Il a été recommandé d’intégrer les aspirations des victimes dans toutes les démarches liées à la justice transitionnelle. Les participants ont souligné l’importance d’un processus inclusif qui non seulement respecte les droits des victimes, mais répond également à leurs attentes en matière de réparation, de reconnaissance et de réintégration sociale. En plaçant les victimes au cœur des efforts de justice transitionnelle, les acteurs locaux espèrent reconstruire le lien social dans les communautés affectées.
Une feuille de route pour une justice transitionnelle en action
À travers ces recommandations, les acteurs locaux du Sud-Kivu ont affirmé leur détermination à lutter contre l’impunité et à promouvoir une justice capable de répondre aux souffrances des victimes. En suivant cette feuille de route, les autorités nationales et leurs partenaires internationaux pourraient poser les fondements d’une paix durable et d’une justice qui réponde véritablement aux aspirations des communautés.
Cet atelier marque un tournant dans la mobilisation collective pour une justice transitionnelle adaptée aux réalités du Sud-Kivu. Pour les participants, il est désormais essentiel que les recommandations formulées soient traduites en actions concrètes, afin de bâtir une société plus juste et résiliente face aux défis du passé.