Bukavu : Avenue Hypodrome devient avenue Solange LUSIKU
Par un arrêté officiel signé le 6 novembre 2024, le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, a débaptisé l’avenue Hypodrome, située dans le quartier Nyalukemba de la commune d’Ibanda. Désormais, cette artère portera le nom de Solange Lusiku, une figure emblématique du journalisme et de la défense des droits humains en République démocratique du Congo.
Un hommage mérité à une femme d’exception
Cette décision vise à rendre hommage à une femme dont l’engagement pour la justice sociale, la démocratie et les droits fondamentaux a profondément marqué le Sud-Kivu. En rebaptisant l’avenue, les autorités provinciales souhaitent immortaliser l’héritage de Solange Lusiku, tout en inspirant les générations actuelles et futures.
Dans l’arrêté, le gouverneur a précisé que ce changement de nom est « un acte symbolique destiné à reconnaître le rôle crucial joué par Solange Lusiku dans la lutte contre la corruption et pour la promotion des droits humains ». Le bourgmestre de la commune d’Ibanda a été chargé d’assurer la mise en œuvre de cette décision.
Un combat collectif depuis 2018
Claudine Lumvi, directrice du journal Le Souverain Libre, s’est réjouie de cette reconnaissance posthume. Selon elle, cette initiative est le résultat d’un plaidoyer de longue haleine mené par des journalistes, des organisations féminines, des acteurs politiques et la Fondation Solange Lusiku, avec le soutien d’un collectif dédié.
« C’est une victoire collective qui vient couronner des années de lutte pour perpétuer la mémoire de Solange Lusiku. Son nom sera désormais gravé dans l’histoire de Bukavu », a-t-elle affirmé.
Ce changement intervient six ans après le décès de Solange Lusiku. La directrice a souligné que cette période a été marquée par des efforts constants pour honorer sa mémoire et mettre en lumière son travail en faveur de la paix et de la justice.
Une vie dédiée au journalisme et aux droits humains
Née le 20 avril 1972 à Bukavu, Solange Lusiku Nsimire s’est illustrée par son courage et son intégrité en tant que journaliste et éditrice du journal Le Souverain Libre. À travers ses enquêtes approfondies, elle a dénoncé les violences faites aux femmes et les multiples injustices sociales dans une région ravagée par des conflits armés.
Son engagement lui a valu plusieurs distinctions prestigieuses, dont le Prix de la Bravoure et le Prix Ilaria Alpi, en hommage à son travail de terrain et à sa persévérance. En 2013, l’Université Catholique de Louvain (UCL) en Belgique lui a décerné un doctorat honoris causa, saluant son rôle de pionnière dans la défense des droits humains.
Un appel à suivre son exemple
Claudine Lumvi a appelé les jeunes, en particulier les femmes et les journalistes, à s’inspirer du parcours de Solange Lusiku. « Sa vie est une leçon de courage et d’engagement. Que cet hommage soit une invitation à poursuivre son combat pour un monde plus juste et équitable », a-t-elle déclaré.
Une mémoire vivante pour Bukavu
Avec ce changement de nom, Bukavu inscrit Solange Lusiku dans son patrimoine historique et urbain. L’avenue qui portait autrefois le nom d’Hypodrome devient un symbole de reconnaissance envers une femme dont les idéaux continuent de résonner.
Cet hommage, bien que tardif, incarne la volonté de garder vivante la mémoire de celles et ceux qui se sont battus pour le bien commun. L’avenue Solange Lusiku, au-delà d’un simple nom, devient un lieu chargé d’histoire et de significations pour toute la communauté.