Bukavu : « Ecouter les voix de communautés » au menu d’un atelier de sécurité hybride et médiations locales
Il est temps que nos solutions viennent de chez nous« , a lance Josaphat MUSAMBA chercheur en conflits et paix dans la sous-région de grands lacs résumant l’esprit de l’atelier stratégique qui s’est tenu à Bukavu ce moi de décembre 2024 .
Pendant trois jours, 40 participants issus de divers horizons dont les autorités locales et forces de l’ordre, organisations de la société civile, acteurs privés et communautés –se sont réunis pour discuter d’un sujet crucial « comment la sécurité hybride et la médiation locale peuvent transformer les conflits en opportunités pour une paix durable à l’Est de la République démocratique du Congo. »
Les participants ont partagé leurs récits de terrain, parfois bouleversants, souvent inspirants. La région, riche en minerais tels que l’étain, le tungstène et le tantale, reste un théâtre de tensions exacerbées. Les luttes entre acteurs étatiques et non étatiques, aggravées par la résurgence du M23 et la prolifération de groupes armés, rendent la vie quotidienne des populations extrêmement précaire.
« Nous avons des femmes qui traversent des zones de conflit chaque jour pour chercher de l’eau ou cultiver leurs champs. Elles sont des médiatrices sans le savoir, et pourtant, elles ne sont presque jamais consultées dans les processus de paix », déplore Josaphat MUSAMBA qui enrichi qu’il y a meme de l’agriculture de conflits.
Pourtant, des initiatives prometteuses émergent, comme le Programme de Démobilisation, Désarmement, Réintégration Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS). Ces projets montrent que des solutions ancrées dans les réalités locales peuvent compléter les processus régionaux tels que ceux de Luanda et de Nairobi.
Construire la paix à partir de la basba
Cet atelier, organisé par le Centre pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF) en collaboration avec le Life & Peace Institute (LPI), a adopté une approche participative. Les participants ont exploré des études de cas et des débats interactifs pour identifier des solutions pratiques et inclusives.
« Nous avons appris que la sécurité hybride, c’est aussi la reconnaissance de la coexistence entre les forces de l’État et les initiatives locales. L’un ne peut pas fonctionner sans l’autre », souligne Monsieur Tuber KAREMBEU de OGP qui est activiste pour les droits humains.
Les discussions ont notamment été enrichies par des recherches récentes, comme l’étude de l’OGP sur la sécurité hybride au Sud-Kivu (2023), qui montre comment les communautés locales gèrent elles-mêmes leur sécurité en collaboration avec des acteurs étatiques et non étatiques.
Les recommandations de l’atelier iront au-delà des salles de conférence. Une présentation des résultats sera organisée avec la Division Provinciale des Droits de l’Homme (DPDH) pour identifier des pistes concrètes de collaboration dès 2025.
« Ce n’est pas un événement isolé. C’est une étape dans un long processus. Si nous travaillons ensemble – gouvernement, ONG, secteur privé et communautés – nous pourrons construire une paix qui profite à tous », conclut un représentant du DCAF.