Bukavu : Manifestations pour l’eau à Nguba, la REGIDESO promet des solutions d’ici novembre 2024
Par Joëlle KUJIRABWINJA
Ce mardi 8 octobre 2024, les habitants du quartier Nguba, à Bukavu, ont organisé une marche pacifique pour exprimer leur frustration face à la pénurie d’eau qui persiste depuis plusieurs mois. Répondant à l’appel des Comités Locaux de Gouvernance Participative (CLPG), ces citoyens, brandissant des bidons vides et chantant des slogans hostiles, ont dénoncé le manque d’eau potable dans leur quartier. La marche, qui a réuni de nombreux habitants, a mis en lumière l’incapacité de la Régie de Distribution d’Eau (REGIDESO) à assurer un service régulier.
Une crise de l’eau qui s’aggrave
Depuis plus de trois mois, les robinets de plusieurs quartiers de Bukavu, dont Nguba, sont à sec. Ce manque d’eau, accentué par la saison sèche, met les habitants dans une situation précaire. Pourtant, les factures continuent de leur être envoyées. « Nous sommes fatigués de cette situation ! Nous payons pour un service inexistant. Comment justifier que, dans une ville entourée de cours d’eau, nous n’ayons pas accès à l’eau potable ? », s’indigne un manifestant.
Me Faustin Batumike, représentant des CLPG, a exprimé la colère de la population. « Nous vivons une situation qui est intolérable. C’est inadmissible qu’au 21ème siècle, des habitants soient privés d’un droit aussi fondamental que l’accès à l’eau potable. Trop c’est trop ! Nous sommes ici pour demander des comptes à la REGIDESO et exiger des solutions immédiates », a-t-il déclaré lors de la manifestation.
Un appel à la responsabilité de la REGIDESO
Les manifestants, après avoir marché depuis Nguba, ont remis une pétition à Ignace Ilunga, directeur de la REGIDESO Sud-Kivu. Face à la grogne populaire, ce dernier a reconnu que la saison sèche avait fortement affecté la production d’eau. « En cette période de crise, nos installations ne peuvent produire que 19 000 mètres cubes d’eau par jour, alors que la demande est de 32 000 mètres cubes. Cela a rendu la situation particulièrement difficile », a expliqué M. Ilunga.
Il a toutefois tenu à rassurer les manifestants, affirmant que la situation allait bientôt s’améliorer avec la reprise des pluies et l’augmentation du débit des rivières. « Nous sommes conscients des difficultés et nous travaillons d’arrache-pied pour résoudre ce problème. Les travaux d’augmentation de la capacité de la station de Nguba sont presque terminés, et nous espérons que d’ici la fin du mois de novembre 2024, les habitants de Nguba, Muhumba et Irambo seront enfin desservis en eau potable », a-t-il promis.
Une promesse attendue avec scepticisme
Malgré ces assurances, les habitants restent méfiants. Pour Me Batumike, si les promesses de la REGIDESO ne sont pas tenues, la population se mobilisera de nouveau. « Nous donnons un mois à la REGIDESO pour régler ce problème. Si rien n’est fait d’ici là, nous reviendrons et cette fois-ci, notre mobilisation sera encore plus forte », a averti le représentant des CLPG.
La marche a également vu la participation de plusieurs personnalités locales, dont le député Didier Katembera et des membres de la société civile et de mouvements citoyens. Tous ont apporté leur soutien aux manifestants, soulignant l’urgence d’une solution durable à cette crise de l’eau qui affecte de plus en plus de quartiers à Bukavu.
Les défis de l’accès à l’eau à Bukavu
Le manque d’eau est un problème récurrent dans la ville de Bukavu, où les infrastructures de distribution sont vétustes et insuffisantes pour répondre à la demande croissante. La REGIDESO, confrontée à des défis techniques et financiers, peine à moderniser ses installations et à garantir un service continu.
La crise de l’eau à Nguba n’est que la partie visible d’un problème plus large qui affecte toute la ville. Avec une population en constante augmentation, les infrastructures doivent être adaptées pour répondre aux besoins essentiels des habitants. En attendant, la pression citoyenne, comme celle exercée lors de cette marche, reste un levier pour pousser les autorités à agir rapidement et efficacement.
Les habitants de Nguba, Muhumba et Irambo espèrent que les promesses de la REGIDESO seront enfin tenues, et que l’eau, cette ressource vitale, cessera d’être un luxe pour les résidents de Bukavu.