Criminalité lacustre sur le lac Kivu : 33 pêcheurs congolais abattus en neuf mois, des mesures de protection en cours
Par Bovick LWABOSHI
Le lac Kivu, qui sépare la République démocratique du Congo et le Rwanda, a été le théâtre de violences inquiétantes au cours des neuf derniers mois. Trente-trois pêcheurs congolais ont été abattus et cinquante-six autres blessés lors de leurs activités nocturnes, selon le bilan révélé par la Synergie des associations des pêcheurs du lac Kivu, le jeudi 5 septembre 2024. La criminalité lacustre, exacerbée par des attaques récurrentes, met non seulement en danger la vie des pêcheurs, mais également l’écosystème fragile du lac Kivu.
Plaidoyer pour la sécurité des pêcheurs
En réponse à cette situation alarmante, la Direction générale des migrations (DGM) a annoncé des mesures concrètes pour renforcer la sécurité sur le lac. Lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité provincial, le directeur de la DGM a promis de fournir deux canots rapides aux forces armées congolaises (FARDC) et à la police nationale congolaise (PNC) afin de mieux protéger les pêcheurs. Cette décision fait suite au plaidoyer de Jackson Kalimba, député provincial, qui a été alerté par les pêcheurs eux-mêmes.
« Leurs filets sont souvent volés et les moteurs de leurs pirogues sont emportés par la marine rwandaise », a déclaré Kalimba. « Il était donc impératif de plaider auprès des autorités pour une action immédiate. »
Les défis environnementaux liés à la criminalité lacustre
Outre les pertes humaines, la criminalité lacustre sur le lac Kivu a des répercussions sur l’environnement. Les filets ravis et les équipements de pêche volés perturbent non seulement les moyens de subsistance des pêcheurs, mais aussi l’écosystème du lac, l’une des plus importantes réserves de biodiversité de la région. Les activités criminelles, telles que le vol et les agressions, compromettent la gestion durable des ressources naturelles, en particulier les stocks de poissons, qui subissent déjà une pression due à la pêche illégale.
Les filets utilisés de manière irresponsable peuvent également causer des dommages aux habitats aquatiques. Ainsi, l’impact de cette insécurité sur l’environnement naturel du lac Kivu ne doit pas être sous-estimé.
La réponse des autorités et des pêcheurs
Le président des pêcheurs du lac Kivu a lancé un appel aux autorités militaires et policières pour qu’elles cessent les tracasseries envers ses membres et concentrent leurs efforts sur la protection des travailleurs de la pêche. « Il est urgent que des mesures soient mises en place pour sauvegarder la vie de nos membres et leur permettre de travailler dans des conditions dignes et sécurisées », a-t-il déclaré.
L’attribution de canots rapides est une première étape importante dans la lutte contre la criminalité lacustre. Cependant, pour que cette initiative soit véritablement efficace, les autorités locales doivent renforcer la coordination entre les services de sécurité et la communauté des pêcheurs. De plus, il est crucial de prendre en compte la dimension environnementale dans la gestion du lac Kivu, en veillant à ce que les activités de pêche respectent les normes de durabilité et protègent l’écosystème.
Préserver la sécurité et l’écosystème du lac Kivu
La criminalité lacustre ne se limite pas seulement à des pertes humaines tragiques, elle met également en péril l’équilibre écologique du lac Kivu. Des actions immédiates et durables sont nécessaires pour protéger non seulement les pêcheurs, mais aussi les ressources naturelles qui dépendent de ce lac. Il est impératif que les autorités locales et régionales intensifient leurs efforts pour faire respecter la loi, tout en encourageant une gestion responsable des ressources naturelles.
La protection des travailleurs de la pêche sur le lac Kivu, qui dépendent de cette activité pour leur survie, doit aller de pair avec la préservation de l’environnement pour assurer un avenir durable à cette région.
Le lac Kivu, source de vie pour des milliers de pêcheurs et réservoir d’une biodiversité unique, mérite une attention particulière pour lutter contre la criminalité qui sévit en ses eaux.
