États généraux de la presse du Sud-Kivu : Vers la professionnalisation accrue des journalistes
Le 15 septembre 2024, à l’auditorium de la Femme à la Botte de Bukavu, s’est tenue la deuxième journée des États généraux de la presse du Sud-Kivu. Cette rencontre, qui a réuni des journalistes, responsables de médias et divers acteurs du secteur, s’est concentrée sur les défis majeurs auxquels fait face la presse dans la province. Parmi les recommandations clés issues de cet événement, l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) a annoncé la création prochaine d’un annuaire des journalistes qualifiés, en lien avec la spécialité de chacun, afin de renforcer la professionnalisation du secteur.
La création d’un annuaire des journalistes qualifiés
Sous l’impulsion d’Egide Kitumaini, l’UNPC a décidé de mettre en place un annuaire répertoriant les journalistes qualifiés de la province du Sud-Kivu. Cette initiative vise à améliorer la reconnaissance des professionnels dans leurs domaines de spécialisation. « L’objectif est d’avoir une cartographie claire des compétences disponibles et de faire la distinction entre les journalistes formés et ceux qui s’auto-proclament journalistes sans formation adéquate », a expliqué Kitumaini lors de son intervention.
Cet annuaire permettra non seulement d’identifier les compétences des journalistes, mais aussi d’éclairer les médias et les annonceurs sur le champ d’expertise de chacun, favorisant ainsi un recrutement plus ciblé et conforme aux exigences du métier. Cela pourrait également contribuer à éliminer la présence de « moutons noirs » dans les rédactions et sur le terrain, un terme employé pour désigner les personnes non qualifiées qui prétendent exercer le journalisme.
Renforcement des capacités et respect des contrats
Les participants ont également insisté sur la nécessité de renforcer les capacités des journalistes par des formations régulières.
« La mise à jour des connaissances est essentielle dans un secteur en perpétuelle évolution, notamment avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) », ont souligné plusieurs intervenants.
Le respect des contrats de travail entre les médias et leurs employés a également été mis en avant. Nombreux sont les journalistes qui dénoncent des abus, tels que des salaires impayés ou des conditions de travail précaires.
En réponse, les participants ont appelé à une stricte application des conventions collectives et à un plaidoyer pour une meilleure protection des droits des journalistes. L’UNPC a été invitée à intensifier ses visites de contrôle dans les médias locaux pour s’assurer de l’application des normes de travail en vigueur.
Plaidoyer pour l’accès aux sources officielles
Un autre défi majeur évoqué lors de ces États généraux est la difficulté croissante d’accès aux sources officielles. Les journalistes se plaignent de plus en plus de la réticence des autorités et des institutions publiques à fournir des informations.
Cette situation compromet non seulement la qualité de l’information diffusée, mais également l’exercice de la liberté de la presse.
Les participants ont ainsi plaidé pour un accès plus fluide aux sources officielles. Ils ont recommandé l’ouverture d’un dialogue entre les autorités provinciales, notamment le cabinet du gouverneur, et les médias, afin d’améliorer la collaboration et la transparence.
« Les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier en toute liberté, avec des sources accessibles, pour garantir une information fiable et vérifiée », a déclaré l’un des intervenants.
Éthique professionnelle et engagement des annonceurs
L’éthique professionnelle a également été un point d’orgue des discussions. Les participants ont insisté sur le respect de la ligne éditoriale par les médias, ainsi que sur la qualité des contenus diffusés. Le port d’une tenue décente par les journalistes sur le terrain a également été évoqué, comme un élément reflétant la professionnalité de chaque reporter.
En parallèle, les participants ont appelé à une meilleure collaboration entre les médias et les annonceurs, notamment en ce qui concerne le respect des contrats. Certains annonceurs ne respectent pas toujours leurs engagements financiers, ce qui fragilise la survie économique de plusieurs organes de presse. La mise en place d’un cadre contractuel solide entre les annonceurs et les médias a ainsi été recommandée pour assurer une relation transparente et éthique.
Perspectives d’avenir
Ces recommandations marquent une volonté de réformer en profondeur le secteur médiatique au Sud-Kivu. L’UNPC a d’ores et déjà pris des engagements pour assurer la mise en œuvre de certaines propositions, notamment la création de l’annuaire des journalistes qualifiés et l’intensification des contrôles au sein des maisons de presse.
Les États généraux de la presse au Sud-Kivu ont permis de dégager des pistes concrètes pour renforcer la professionnalisation des journalistes, améliorer l’accès à l’information et garantir un respect accru des droits des journalistes. Pour de nombreux participants, il s’agit d’une étape clé vers un journalisme plus responsable et transparent.
La mise en œuvre effective de ces recommandations dépendra cependant de la collaboration entre l’UNPC, les autorités provinciales et les médias. Les professionnels du secteur attendent désormais des actions concrètes pour que la presse du Sud-Kivu devienne un modèle de rigueur et de professionnalisme dans tout le pays.