Exploitation minière au Sud-Kivu : Patrice LWABAGUMA dénonce des acteurs politiques influents dans les mines à travers une lettre adressée à Vital KAMERHE
Par BOVICK LWABOSHI
L’Institut pour la Gouvernance et l’Éducation Électorale (I.G.E.), organisation non gouvernementale dédiée à l’éducation civique et électorale, a publié une lettre ouverte adressée au Président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC) ce 20 novembre 2024 .
Ce document met en lumière les pratiques illicites qui gangrènent l’exploitation minière dans l’Est du pays et exhorte les autorités à des réformes décisives pour redresser ce secteur essentiel pour l’économie nationale.
Accusations et révélations troublantes
Dans cette lettre signée par son Coordinateur provincial du Sud-Kivu, Ir. Patrice Lwabaguma, l’I.G.E. applaudit les récentes discussions parlementaires soulevées par la question orale de l’honorable Théo Bashosi, député de Fizi, sur l’exploitation minière illégale au Sud-Kivu. Cependant, l’organisation va plus loin en dénonçant l’implication présumée de certaines figures politiques et militaires dans ces activités frauduleuses.
En particulier, l’honorable Placide Wenga est accusé de diriger un réseau de fraude minière dans les territoires de Shabunda et Mwenga ainsi qu’à Bukavu. Selon l’I.G.E., ce député utiliserait son influence pour entraver les contrôles administratifs et protéger des opérateurs miniers illégaux. L’organisation souligne également que les déclarations publiques de ce dernier à l’Assemblée nationale visaient davantage à défendre ses intérêts personnels qu’à répondre aux préoccupations des communautés locales.
Un secteur miné par de multiples défisé trangère
Au-delà des accusations personnelles, la lettre de l’I.G.E. met en exergue des problèmes structurels persistants dans le secteur minier au Sud-Kivu, notamment :
L’emprise des groupes armés : Les « Wazalendo » et d’autres factions imposent des barrières illégales dans des zones minières stratégiques comme Numbi, Kabamba et Bunyakiri.
La fraude systémique : Des minerais tels que l’or, la cassitérite, le coltan et la wolframite sont extraits et exportés sans traçabilité, avec la complicité présumée de certaines autorités locales et étrangères.
Le manque de contrôle étatique : Certains sites miniers sont exploités par des entreprises étrangères sécurisées par des forces militaires ou policières, échappant ainsi à toute supervision légale.
Recommandations pour une réforme en profondeur illicite
L’I.G.E. propose plusieurs pistes pour restructurer le secteur minier :
1. Organisation des États généraux des mines pour réviser les accords en vigueur et identifier des solutions viables.
2. Révision du Code minier pour combler les lacunes réglementaires favorisant les pratiques illicites.
3. Renforcement des mécanismes de traçabilité pour lutter contre la fraude et garantir la légalité des exportations.
4. Sanctions exemplaires à l’encontre des responsables et complices de ces activités illicites.
Un appel à l’action et à la justice
La lettre conclut par un appel pressant au Président de l’Assemblée nationale pour une intervention résolue afin de démanteler les réseaux criminels et restaurer l’intégrité du secteur minier. En outre, l’I.G.E. prévoit de se constituer partie civile contre l’honorable Placide Wenga, l’accusant d’avoir profané la mémoire des victimes du naufrage du bateau Merdi en liant cette tragédie à une supposée fraude minière.
Un enjeu national
Alors que la RDC peine à maximiser les retombées économiques de ses vastes ressources naturelles, cette initiative de l’I.G.E. souligne l’urgence d’instaurer des réformes et d’améliorer la transparence dans le secteur minier. La balle est désormais dans le camp des décideurs, dont les actions ou l’inaction détermineront l’avenir de cette industrie stratégique pour le pays.