Journée des Gorilles : Voici pourquoi MOBUTU avait choisi d’émettre la monnaie Zaroise à l’effigie du gorille( Maheshe de PNKB)

Journée des Gorilles : Voici pourquoi MOBUTU avait choisi d’émettre la monnaie Zaroise à l’effigie du gorille( Maheshe de PNKB)

La Triste Épopée des Maheshe, les Billets à l’Effigie du Gorille, Symbole de l’Économie en Déclin du Zaïre

Durant les années 1990, le Zaïre a été plongé dans une crise économique profonde, exacerbée par des dévaluations successives de sa monnaie nationale, le zaïre. Au cœur de cette déchéance, un billet de banque particulier, portant l’effigie d’un gorille de montagne et surnommé « Maheshe », est devenu le symbole d’une inflation galopante et d’une pauvreté accrue. L’apparition de ce billet à la valeur faciale de 50 000 zaïres résume à elle seule le désarroi d’une population en proie à des difficultés économiques sans précédent.

Des dévaluations en cascade

Les turbulences économiques qui ont frappé le Zaïre dans les années 90 étaient en grande partie liées à des dévaluations régulières du zaïre, qui n’ont fait qu’aggraver l’instabilité économique du pays. Alors que le gouvernement tentait de compenser la chute rapide de la monnaie par l’émission de nouvelles coupures à haute valeur faciale, cela n’a fait qu’accentuer le problème.

En août 1991, le taux de change officiel du zaïre était de 15 000 pour un dollar américain, mais sur le marché parallèle, ce chiffre avait grimpé à 30 240 zaïres après les pillages qui avaient secoué le pays. Pour tenter de redresser la situation, la Banque du Zaïre a mis en circulation le fameux billet de 50 000 zaïres, le « Maheshe », portant l’image d’un gorille des montagnes du parc national de Kahuzi-Biega. Cependant, ce billet est rapidement devenu le symbole d’une économie hors de contrôle.

Les Maheshe : Quand la Monnaie Perd Tout Son Sens

Dans un contexte où la monnaie se dévaluait à une vitesse folle, les Maheshe, loin de représenter une solution, incarnaient l’ironie d’une situation désespérée. La population zaïroise a vite adopté des surnoms pour ces billets, et des expressions populaires ont émergé pour refléter le sentiment d’impuissance face à la montée vertigineuse des prix. Un enseignant kinois, interviewé par un journal local, déclarait :

« On nous paie en Maheshe, mais ce n’est plus de l’argent, c’est du papier ! Le 30 août approche, et on n’aura rien pour la rentrée. »

 

Cette déclaration résume le désarroi d’une population acculée, où les travailleurs étaient payés en billets de 50 000 zaïres, dont la valeur ne suffisait même pas à couvrir les besoins de base. La scène était particulièrement désastreuse pour les enseignants et autres fonctionnaires, dont les salaires ne pouvaient suivre l’escalade des prix sur les marchés.

Un humour noir pour faire face à la Crise

La déconnexion entre la valeur nominale des billets et leur pouvoir d’achat a inspiré l’humour noir des Zaïrois, avec des expressions telles que : « Les Maheshe se sont évadés dans la forêt. » Cette phrase symbolisait la réalité vécue par des millions de personnes qui, malgré l’abondance de billets dans leurs poches, ne pouvaient rien acheter avec. La monnaie était devenue un outil vide de sens, incapable de remplir sa fonction première.

Un terme populaire, « gorillé », est également apparu pour décrire ceux qui possédaient beaucoup de billets Maheshe, mais qui restaient impuissants face à l’inflation. Un fonctionnaire de Kinshasa expliquait dans une interview :

« On est tous ‘gorillés’ ici, mais ça ne veut rien dire. On a les billets, mais on ne peut rien en faire. »

 

Cette observation illustre bien la frustration ressentie par une population qui voyait son pays sombrer dans une spirale économique sans fin, où même la possession de grandes quantités de monnaie ne garantissait plus un accès aux biens et services essentiels.

Les Maheshe : Symbole d’un Effondrement Économique

Au fil du temps, les Maheshe sont devenus le symbole de l’échec du système monétaire zaïrois. Ce billet, autrefois présenté comme une solution temporaire à la crise économique, est rapidement devenu un triste rappel de l’incapacité des autorités à juguler l’inflation et à restaurer la confiance dans la monnaie nationale.

Un analyste économique zaïrois, interrogé par Le Potentiel, résumait ainsi la situation :

« Les Maheshe ne représentent plus rien. C’est une monnaie fantôme. L’État a perdu le contrôle de son économie, et les citoyens paient le prix fort. »

 

Un chapitre tragique dans l’histoire Économique du Zaïre

L’histoire des Maheshe est un chapitre tragique mais marquant de l’histoire économique du Zaïre. Ce billet de 50 000 zaïres, devenu le symbole d’une économie en chute libre, reflète les défis auxquels ont été confrontées des millions de personnes au quotidien. Les dévaluations successives et l’inflation galopante ont transformé la monnaie nationale en un outil dérisoire, éloigné de la réalité économique. En fin de compte, les Maheshe sont bien plus qu’un simple souvenir d’une époque difficile .

 

 

Janvier Barhahiga

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