Justice transitionnelle au Sud-Kivu : Vers la création d’une Commission Vérité et Réconciliation (CVR)
Par Joëlle KUJIRABWINJA
Bukavu, 14 novembre 2024, lors de la clôture du forum politique sur la justice transitionnelle tenu à l’hôtel New Riviera, le député provincial Koko CIRIMWAMI AKEEM, président de la Commission Politico-administrative et des Droits de l’Homme de l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu, a appelé à la création d’une Commission Vérité et Réconciliation (CVR). Cette initiative vise à répondre aux attentes des victimes des violences dans la province et à jeter les bases d’une paix durable.
Organisé par RACOJ asbl et Impunity Watch, avec le soutien financier de l’ambassade des Pays-Bas en RDC, cet atelier de deux jours a rassemblé des institutions provinciales telles que l’Assemblée provinciale, le gouvernorat, la division des droits humains, les juridictions militaires, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), le FONAREV, le P-DDRCS, ainsi que la Coalition des groupes de victimes.
Un modèle de justice transitionnelle centré sur les victimes
Dans son intervention, Koko CIRIMWAMI AKEEM a insisté sur l’importance de bâtir une CVR adaptée aux réalités locales et basée sur les volontés des victimes.
« Ce format doit puiser sa réalité dans les volontés sectorielles des victimes pour construire une paix durable dans la province », a-t-il affirmé devant un auditoire composé de décideurs politiques et d’acteurs de la société civile.
Les victimes présentes ont exprimé leur souhait de voir leurs bourreaux présenter publiquement des excuses, un geste symbolique qu’elles considèrent comme essentiel pour avancer vers la réconciliation.
Mise en place d’une Commission de suivi
Une Commission de suivi des recommandations issues du forum a été mise en place, avec des responsabilités bien définies :
Responsabilité principale : l’Assemblée provinciale.
Vice-présidence : le Gouvernorat.
Rapportage militaire : les juridictions militaires, sous supervision de la Coalition des victimes et de la société civile.
Rapportage adjoint : la division des droits humains.
Cette structure coordonnera les actions de justice transitionnelle et veillera à leur mise en œuvre effective.
Didier, coordonnateur de RACOJ, a salué cette avancée en déclarant :
> « Nous sommes très contents de voir que l’Assemblée provinciale et le gouvernorat suivront la Commission de suivi des recommandations de la justice transitionnelle. »
De son côté, Martin MUDUMIRA, conseiller politique du gouverneur de province, a annoncé l’intention de s’inspirer du modèle de la CVR du Kasaï Occidental :
> « Nous allons commencer des discussions de façon particulière pour parler de la Commission Vérité et Réconciliation à l’image du Kasaï Occidental, avec le soutien de la province. »
Un modèle inspiré par le Kasaï Occidental
Le modèle de CVR expérimenté dans le Kasaï Occidental semble être une source d’inspiration pour le Sud-Kivu. Là-bas, la CVR a permis une réconciliation communautaire, notamment grâce à la reconnaissance des torts et aux mécanismes de réparation symbolique et matérielle.
Prochaines étapes et perspectives
À l’issue de ce forum, un rapport détaillé sera soumis aux autorités provinciales et nationales, afin de formaliser les recommandations et de structurer les prochaines étapes.
L’Assemblée provinciale, en collaboration avec le gouvernorat et les organisations partenaires, devra travailler à mobiliser des ressources pour lancer cette commission. La création de la CVR marquera une étape cruciale dans la lutte contre l’impunité, tout en offrant un espace de vérité, de justice et de réconciliation pour les victimes.
Pour RACOJ asbl et Impunity Watch, cette initiative constitue un pas vers une paix durable et une cohésion sociale renforcée dans la province.
