Kinshasa : AFEM clôture son masterclass des professionnels de medias sur la sextorsion
Par Joëlle KUJIRABWINJA
Kinshasa, le 25 octobre 2024 – Dans une étape marquante vers une meilleure représentation du genre dans les contenus médiatiques en République Démocratique du Congo, l’Association des Femmes des Médias (AFEM) a organisé une Masterclass ce vendredi à Kinshasa, concluant ainsi un cycle de formation et de coaching intensif. Initié en mai dernier, ce programme a impliqué neuf organisations partenaires du projet 3R RDC (Relèvement, Résilience et Renforcement des droits) et a permis de former 40 journalistes issus de 20 radios communautaires partenaires du projet.
La session d’ouverture de la Masterclass a été marquée par l’intervention de la cheffe de la coopération suédoise, qui a rappelé l’engagement de la Suède pour l’égalité des genres et la lutte contre les violences basées sur le genre, en particulier dans le secteur des médias.
Selon elle, cette initiative vise à sensibiliser et à former les journalistes pour qu’ils deviennent des acteurs de changement dans la promotion des droits des femmes et la lutte contre la discrimination.
Inclusion du genre et lutte contre la sextorsion
L’un des temps forts de la Masterclass a été la présentation des résultats d’une étude réalisée par l’AFEM sur les phénomènes de sextorsion en RDC par la coordonnatrice de AFEM Julienne BASEKE. Cette enquête, menée avec le soutien de l’organisation suédoise Kvinna Till Kvinna, a mis en lumière l’ampleur de ce problème souvent ignoré dans le paysage médiatique congolais.
La sextorsion, une forme de corruption sexuelle où l’accès à certains services ou opportunités est conditionné à des faveurs sexuelles à dit Julienne BASEKE, affecte gravement les femmes et les jeunes filles, notamment dans les milieux de travail, de l’éducation, et dans les interactions avec les autorités.
D’après les résultats de l’étude, les cas de sextorsion sont fréquents et souvent sous-déclarés en raison de la stigmatisation et de la peur de représailles.
Le rapport de l’AFEM appelle donc les médias à mieux sensibiliser le public sur cette question, à encourager les victimes à témoigner, et à dénoncer ces pratiques.
« La lutte contre la sextorsion est un enjeu fondamental pour garantir l’accès équitable aux opportunités et aux services pour les femmes congolaises », a dit madame Julienne BASEKE coordonnatrice de AFEM.
Former les médias pour une approche inclusive
Cette Masterclass a permis de rappeler aux journalistes et aux représentants des radios communautaires l’importance d’une approche médiatique qui valorise l’inclusion du genre. Les experts présents ont partagé des stratégies concrètes pour éviter les biais sexistes dans le choix des sujets, la sélection des sources et la couverture des actualités. Ils ont également encouragé les médias à donner davantage la parole aux femmes, à les représenter dans leur diversité et à dénoncer toutes formes de violences basées sur le genre.
Les neuf organisations partenaires du projet 3R RDC, ainsi que les journalistes formés au cours de ce programme, ont désormais des outils pour intégrer une perspective de genre dans leurs reportages, afin de mieux refléter les réalités et les défis auxquels les femmes congolaises sont confrontées. « Nous espérons voir un changement dans le paysage médiatique, avec des contenus qui favorisent l’égalité et respectent la dignité des femmes », a déclaré la directrice exécutive de l’AFEM.
Des perspectives encourageantes pour l’avenir
Ce programme de formation, appuyé par la coopération suédoise, s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement des capacités des médias en RDC. Il vise à créer des contenus qui respectent les principes d’équité et de diversité, et à sensibiliser le grand public sur les enjeux liés à l’égalité des genres.
Les participantes et participants de la Masterclass se sont engagés à continuer de promouvoir l’inclusion du genre dans leurs productions médiatiques et à utiliser les connaissances acquises pour lutter contre les stéréotypes sexistes. Grâce à cette initiative, les médias communautaires congolais, qui jouent un rôle essentiel dans la vie quotidienne de nombreuses personnes, pourront devenir des vecteurs d’un changement positif en faveur des droits des femmes.
Cette Masterclass et l’étude sur la sextorsion constituent un appel fort à l’action pour que la société congolaise, dans toutes ses composantes, prenne conscience de l’importance de traiter chaque individu avec dignité et respect, et de garantir des opportunités égales pour tous.