Les États généraux de la presse du Sud-Kivu : Un appel à une régulation plus efficace de la part du CSAC
Par Joëlle KUJIRABWINJA
Le 13 septembre 2024, lors des États généraux de la presse du Sud-Kivu, Monsieur Éric Kitoga, coordonnateur provincial du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), a pris la parole pour revenir sur les défis majeurs auxquels fait face le secteur de la presse dans la province. Lors de son intervention, il a souligné l’absence d’outils adéquats pour permettre une régulation efficace des activités médiatiques ainsi que les difficultés financières rencontrées par la mission de régulation.
Un manque d’outils pour une régulation efficace
Monsieur Éric Kitoga a mis en lumière une faiblesse critique du CSAC dans sa mission de réguler la presse au Sud-Kivu. « Nous ne disposons pas des outils nécessaires pour suivre correctement les activités des médias, » a-t-il déclaré, insistant sur le besoin urgent de doter l’organe de régulation des moyens techniques et financiers adéquats pour surveiller et accompagner la presse dans la région. Cette carence compromet la capacité du CSAC à assurer une supervision rigoureuse et à intervenir en cas de manquement au respect des normes éthiques et déontologiques.
Le problème de financement a également été soulevé. Selon Monsieur Kitoga, le CSAC fait face à des difficultés pour payer son propre loyer, illustrant la précarité dans laquelle se trouve l’organisme de régulation. Cette situation met en évidence le manque de soutien institutionnel et financier dont souffre la régulation de la presse, compromettant ainsi son efficacité.
Le rôle essentiel du code éthique et déontologique
Au cours de son intervention, Monsieur Kitoga a également rappelé l’importance du respect du code éthique et déontologique de la presse, qu’il a décrit comme « la bible de tout journaliste ». Il a insisté sur la nécessité de revenir aux fondamentaux du journalisme, en soulignant que les principes éthiques doivent guider les pratiques journalistiques, particulièrement dans un contexte où la prolifération des médias en ligne et des réseaux sociaux pose de nouveaux défis.
Pour Éric Kitoga, parler des médias, c’est inévitablement parler des journalistes, dont la vie est de plus en plus exposée à des risques, y compris des diffamations et des attaques personnelles. Il a fait allusion aux conditions précaires dans lesquelles de nombreux journalistes exercent leur métier, sans garanties de sécurité ni de protection sociale, ce qui accentue leur vulnérabilité. « Le journaliste au Sud-Kivu, comme dans d’autres provinces, n’a pas les garanties nécessaires pour vivre dignement de son métier, » a-t-il déploré.
L’impact des médias sociaux sur les mœurs et la société
Le coordonnateur du CSAC a consacré une partie importante de son intervention aux dangers posés par les médias sociaux, qui, selon lui, sont devenus une plateforme de diffusion massive d’informations non vérifiées, souvent contraires aux valeurs et aux mœurs. « Les médias sociaux entravent les bonnes mœurs, » a-t-il affirmé, soulignant que le contenu circulant sur ces plateformes n’est pas toujours régulé ni encadré, ce qui conduit à des abus de la liberté d’expression et à une dégradation du débat public.
Éric Kitoga a mis en garde contre l’usage incontrôlé des réseaux sociaux par des individus non formés aux pratiques journalistiques, qui utilisent ces plateformes pour publier des informations diffamatoires ou non fondées, souvent dans l’impunité totale. Cela contribue à une désinformation généralisée et à une perte de confiance dans les médias traditionnels.
La nécessité d’une collaboration renforcée
Dans son discours, Monsieur Kitoga a appelé à une meilleure collaboration entre le CSAC, les médias, et les autorités pour améliorer la régulation du secteur et protéger les journalistes. Il a souligné l’importance d’un engagement commun pour faire respecter les règles déontologiques et éthiques, tout en offrant aux journalistes les garanties dont ils ont besoin pour exercer leur métier dans des conditions dignes et sûres.
L’intervention de Monsieur Éric Kitoga aux États généraux de la presse a mis en lumière les défis structurels auxquels est confrontée la régulation de la presse au Sud-Kivu. Entre le manque d’outils de surveillance et de moyens financiers, et l’impact croissant des médias sociaux sur les pratiques journalistiques, le secteur médiatique fait face à une situation complexe qui nécessite une réponse coordonnée. Alors que le Congrès national de l’UNPC approche, il est crucial que ces problématiques soient placées au cœur des discussions pour permettre une régulation plus efficace et renforcer la protection des journalistes dans la province.