Mwenga/Sud-kivu : Évaluation de l’exploitation minière des sociétés à capitaux chinois
Mwenga, 15 novembre 2024 – La grande salle polyvalente de la paroisse Sainte Marie de Mwenga a abrité, ce vendredi, une journée de réflexion organisée par le Bureau de coordination de la société civile du territoire. Ce rassemblement visait à dresser un état des lieux de l’exploitation minière par les sociétés à capitaux chinois dans les chefferies de Basile, Lwindi, Wamuzimu et aux abords de Kamituga, en évaluant son impact sur la vie socio-économique et sécuritaire des populations riveraines.
Plus de 60 participants, représentant diverses structures de la société civile, les confessions religieuses, les autorités locales et les services techniques des mines, se sont réunis pour identifier les problèmes, proposer des solutions et définir des mécanismes de revendication.
Constats alarmants
Les échanges ont révélé des effets néfastes de l’exploitation minière, parmi lesquels :
Déviation de la rivière Zokwe : Située à la frontière de Mwenga et Walungu, cette déviation a affecté 80 mètres de terres du côté de Mwenga, menaçant de provoquer des conflits fonciers entre les chefferies de Lwindi (Mwenga) et Ngweshe (Walungu).
Destruction des écosystèmes et du patrimoine : L’absence d’études d’impact socio-environnemental a conduit à la dégradation des terres agricoles, des bananeraies, des palmeraies et des sites culturels sacrés, notamment les chutes de Kamwanga, patrimoine naturel emblématique.
Violations du cadre légal : Les sociétés n’ont pas respecté l’obligation de négocier un cahier des charges six mois avant le début des activités, comme le stipule l’article 285 du Code minier.
Répressions et manque de réparations : Les exploitants ont fait usage des Forces armées de la RDC et de la Police nationale pour sécuriser leurs opérations, sans indemniser les populations victimes de dégâts.
Recommandations et solutions envisagées
Face à ces défis, les participants ont proposé des mesures concrètes :
1. Faire respecter la législation : Renforcer l’application des lois minières et de l’arrêté provincial n°24/286 interdisant les partenariats illégaux entre sociétés minières et coopératives.
2. Revitaliser les infrastructures : Conditionner l’exploitation minière à la réhabilitation de la Route Nationale n°2 selon les normes établies.
3. Mobiliser les populations : Sensibiliser les communautés sur leurs droits et les enjeux de l’exploitation minière afin d’encourager une prise de conscience collective.
4. Renforcer l’unité de la société civile : Favoriser une collaboration entre toutes les tendances de la société civile pour élaborer et mener des actions coordonnées.
5. Garantir la traçabilité des minerais : Identifier et documenter les sociétés opérant dans le respect des lois congolaises pour mieux contrôler l’exploitation et assurer un retour équitable aux populations locales.
Un appel à l’action collective
Les participants ont exprimé leur détermination à faire en sorte que les ressources minières de Mwenga profitent à son développement et à sa population. Des actions concertées, appuyées par un éveil citoyen des fils et filles de Mwenga, seront mises en œuvre pour défendre les droits des communautés affectées.
Acteurs et structures impliqués
L’événement a rassemblé des organisations de la société civile, notamment le Bureau de coordination de la société civile (BCSC), MSCO, NDSCI, SOCINE, NSCC, SOCIO-RDC et REDIC. L’Église catholique (Kitutu, Kamituga et Mwenga), les confessions religieuses protestantes, les autorités territoriales et les CLS des chefferies de Basile et Wamuzimu ont également participé activement aux discussions.
Cette rencontre marque un tournant décisif dans la lutte pour une gestion équitable des ressources minières à Mwenga.
Chrysologue Pandji Mazambi
Chargé de communication et médias,
Bureau de coordination de la société civile, territoire de Mwenga