Pêche illégale au Lac Kivu : les filets Bihuru sous le feu des projecteurs
Une pratique interdite persiste dans les eaux du Lac Kivu. En dépit des lois en vigueur, plusieurs pêcheurs continuent d’utiliser des filets Bihuru carrelet, une méthode décriée pour ses effets dévastateurs sur les zones de frayère et la biodiversité aquatique.
Cette pêche, déjà condamnée par le décret-loi du 21 avril 1937 et la loi n°14/603 du 11 février 2014, fait l’objet d’une nouvelle offensive de la part des autorités provinciales, qui enjoignent l’Association de Défense des Pêcheurs Artisanaux du Sud-Kivu (ADPASK) de cesser immédiatement cette pratique illégale.
En date du 16 juin 2015, une réunion stratégique s’était tenue à la baie AMSAR, en présence de plusieurs acteurs clés du secteur, dont des conseillers du Ministère Provincial de l’Agriculture et de l’Environnement, des experts de la pêche, ainsi que des représentants de l’ISDR Bukavu.
Le constat ? Les membres de l’ADPASK pratiquent la pêche à quelques 100 mètres du littoral, une zone vitale pour la reproduction des espèces. Ces pratiques vont à l’encontre des dispositions légales interdisant la pêche dans les zones de frayères et la destruction des habitats naturels, pourtant cruciaux pour le maintien des écosystèmes aquatiques.
Selon un rapport de la Division Provinciale de la Pêche et de l’Élevage (DPPE), sur les 35 filets inspectés lors d’une mission, 85 % étaient non conformes, avec des mailles bien en dessous des standards (de 2 à 4 mm, au lieu de 5 à 6 mm).
Ces filets attrapent non seulement des poissons matures, mais également des alevins et d’autres organismes aquatiques, compromettant sérieusement le renouvellement des populations piscicoles.
Une situation qui préoccupe les experts, car elle risque d’entraîner un appauvrissement drastique des ressources halieutiques du lac.
Mais pourquoi, malgré les lois et les sanctions potentielles (jusqu’à trois ans de prison et des amendes allant jusqu’à 1,5 million de francs congolais), les pêcheurs continuent-ils d’utiliser ces filets interdits ? Est-ce par manque de sensibilisation ou d’alternatives viables pour assurer leur subsistance ? Une chose est claire : la persistance de cette pratique pose des questions sur l’efficacité des mesures de contrôle et le respect de l’état de droit dans cette région.
Les autorités locales, à travers le Chef de la Division Provinciale de la Pêche et de l’Élevage, Dr. Vincent Muhigirwa Sangwa, ont une nouvelle fois appelé à l’arrêt immédiat de cette pratique. L’interdiction des filets Bihuru n’est pas seulement une question de respect de la loi, mais une nécessité pour préserver un équilibre écologique déjà fragile. Faute de quoi, les conséquences écologiques, mais aussi économiques, pourraient être irréversibles.