Prison centrale de Bukavu : 11 personnes gèrent la santé de plus de 2000 détenus

Prison centrale de Bukavu : 11 personnes gèrent la santé de plus de 2000 détenus

Le Comité  International de la Croix-Rouge (CICR) a organisé un atelier de renforcement des capacités à Bukavu, destiné aux autorités judiciaires, au personnel pénitentiaire et aux professionnels de santé opérant dans les prisons du Sud-Kivu. Cet atelier de trois jours, qui s’est clôturé le jeudi 10 octobre 2024, avait pour objectif de formuler des solutions pour améliorer les conditions sanitaires en milieu carcéral, un enjeu crucial dans un contexte de surpopulation et de sous-équipement des prisons.

Une situation sanitaire préoccupante en milieu carcéral

Le Docteur Marie Clarice Kabeya, directrice médicale de l’hôpital de la prison centrale de Bukavu, a présenté un état des lieux alarmant concernant la santé des détenus pour le mois de septembre 2024.
 
Parmi les chiffres les plus marquants, 19 cas de Mpox (variole du singe) ont été confirmés sur 92 suspects, ce qui témoigne d’une propagation inquiétante de cette maladie contagieuse en milieu carcéral.

De plus, 23 détenus séropositifs reçoivent actuellement un traitement antirétroviral pour le VIH, tandis que 65 cas actifs de tuberculose sont sous traitement, une maladie déjà connue pour sa forte prévalence dans les environnements de surpopulation tels que les prisons.

En parallèle, 93 cas de paludisme ont également été enregistrés, soulignant l’exposition constante des détenus à des conditions favorables à la prolifération des moustiques.

En outre, le docteur Kabeya a tiré la sonnette d’alarme concernant les maladies dermatologiques, avec plusieurs centaines de cas signalés. Ces pathologies, liées à une hygiène insuffisante et aux conditions de vie déplorables dans les prisons, touchent de nombreux détenus.

 

Le manque d’accès à de l’eau potable, à des infrastructures sanitaires adéquates et à des produits d’hygiène de base exacerbe ce problème.

La gestion des maladies chroniques en milieu carcéral

Outre les maladies infectieuses, le docteur Kabeya a aussi mis en avant la présence de nombreux prisonniers souffrant de maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension et des affections respiratoires.

 

Ces pathologies, qui nécessitent un suivi médical régulier et des traitements spécifiques, sont souvent mal prises en charge en raison du manque de personnel médical et de médicaments adaptés. Cette situation est aggravée par la surpopulation carcérale, qui complique la gestion quotidienne de la santé des détenus.

Pour faire face à ces nombreux défis, l’équipe médicale de la prison, actuellement composée de 11 médecins, sera renforcée par l’arrivée de quatre nouveaux praticiens. Cependant, ce renfort pourrait s’avérer insuffisant face à l’ampleur des besoins sanitaires des plus de 2800 prisonniers de la prison centrale de Bukavu.

Le rôle du CICR et les efforts de soutien moral

Dans ce contexte, le CICR joue un rôle clé en apportant un soutien médical et humanitaire aux détenus. L’organisation fournit des médicaments essentiels pour la prise en charge des maladies les plus répandues en prison, notamment le paludisme, la tuberculose, et le VIH.

 

En outre, pour lutter contre la malnutrition, le CICR distribue des bouillies thérapeutiques et des biscuits à haute teneur nutritive aux prisonniers souffrant de carences alimentaires.

Mais au-delà du soutien matériel, le CICR s’efforce également d’améliorer le bien-être psychologique des détenus. Le docteur Kabeya a révélé que près de 70 % des prisonniers souffrent de troubles mentaux, souvent causés par les conditions de détention difficiles et l’isolement social.

 

Le CICR intervient ainsi pour offrir un soutien moral aux détenus, en organisant des programmes visant à restaurer leur dignité et à atténuer les effets dévastateurs de la détention prolongée.

Des pistes de solutions pour améliorer la santé en prison

L’atelier de renforcement des capacités a permis aux différents participants d’échanger sur les moyens d’améliorer la situation sanitaire en prison. Parmi les solutions discutées figurent la nécessité d’un meilleur transfert des détenus malades vers des structures médicales appropriées, la sécurisation des infrastructures sanitaires, ainsi que la sensibilisation des détenus aux règles d’hygiène et aux maladies auxquelles ils sont exposés.

Cet atelier a jeté les bases d’une meilleure coopération entre les autorités locales et le CICR, visant à améliorer la santé des détenus et à lutter contre les conditions de détention inhumaines.

Janvier Barhahiga

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