Rapport sociaux de Sexe,culture et droits humains en Afrique : « Il faut une fémininite qui faconne la société » selon le chercheur Alain MULUMEODERWA
Par Joëlle KUJIRABWINJA
Lors de la conférence régionale organisée à Bujumbura les 18 et 19 novembre 2024, Alfajiri We Heal Together, en partenariat avec l’Institut des Hautes Études Internationales et du Développement de la Suisse, les Partenaires pour la Justice Reproductive et la Coopération des Pays-Bas, a mis en lumière une réflexion cruciale : la féminité est une construction sociale évolutive.
Selon Mulumeoderhwa Bukwanane, enseignant-chercheur sur les questions de genre, cette conférence a permis de redéfinir la féminité comme l’ensemble des caractères morphologiques, psychologiques et comportementaux, souvent attribués aux femmes. Cependant, ces attributs, influencés par les normes socioculturelles, restent prisonniers des codes du patriarcat.
Dans ces systèmes, la société impose des attentes souvent rigides aux femmes, les assignant principalement à des rôles reproductifs ou à des tâches non rémunérées. Ce conditionnement renforce une domination masculine, où les hommes accaparent les privilèges, tandis que les femmes deviennent vulnérables, parfois même au point de légitimer les violences qu’elles subissent.
L’analyse des experts met en lumière un problème majeur, c’est l’absence de solidarité entre les femmes. Certaines adhèrent au statu quo par crainte de transgresser les traditions, acceptant la domination masculine comme une norme immuable. Ce manque de soutien mutuel devient alors un obstacle à leur émancipation.
« Il y a une place spéciale en enfer pour les femmes qui ne soutiennent pas d’autres femmes« , a rappelé un intervenant, exhortant les femmes à s’unir pour combattre les inégalités.
Dans les sociétés patriarcales de la région des Grands Lacs, la sexualité féminine est également sous contrôle masculin. Le consentement, pourtant essentiel, est souvent négligé, privant les femmes de leur droit au plaisir et mettant en péril leur santé physique et mentale.
Pour remédier à ces injustices, il est impératif de déconstruire les normes patriarcales et de redistribuer équitablement le pouvoir. Cette transformation nécessite une prise de conscience collective, un changement des mentalités et une autonomisation économique des femmes.
Dans ses mots de conclusion, Mulumeoderhwa a exprimé sa gratitude envers les organisateurs et intervenants, notamment le professeur Cheikh Sadibou Sakho et Dr Aziza Aziz Souleyman, pour leur engagement et leur expertise.
Cette conférence n’est pas qu’un appel à la réflexion, mais une interpellation à agir pour une justice sociale équitable dans les sociétés des Grands Lacs. Comme le souligne Mulumeoderhwa : « Cette matière doit nous transformer. »