RDC : Denis Mukwege a également subi des menaces de la part d’un haut gradé rwandais (PHR)
Physicians for Human Rights, une ONG américaine de défense des droits de l’homme rapporte que le général James Kabarebe, ancien ministre rwandais de la défense a, lors de son passage à la télévision d’état, proféré des menaces au Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege. Denis Mukwege a déclaré fin juillet dernier qu’il fait l’objet des menaces de mort à cause de ses plaidoyers notamment afin d’obtenir une justice pour les crimes commis dans l’est de la RDC depuis des années.
“Au cours des dernières semaines, le Dr Mukwege a été la cible d’une campagne d’intimidation alarmante, sur internet et par des moyen plus conventionnels. Le général James Kabarebe, ancien ministre de la Défense du Rwanda et conseiller de longue date en matière de sécurité du président rwandais Paul Kagame, a fustigé le Dr Mukwege à la télévision d’état rwandaise. Le Dr Mukwege et sa famille sont devenus la cible d’attaques sur les réseaux sociaux et ont reçu des messages de menaces de mort sur le téléphone portable personnel.”, dit Physicians for Human Rights dans une déclaration mardi 18 août.
PHR voit dans cette menace de la part d’un haut responsable de l’appareil sécuritaire rwandais, une façon de vouloir “nier ou échapper” les responsabilités dans les crimes commis dans l’est de la RDC ainsi que dans toute la région des Grands Lacs.
“… Ses appels constants en faveur de la fin de l’impunité pour les crimes internationaux dans la région des Grands Lacs préoccupent sans aucun doute de nombreux acteurs puissants, qui préfèrent nier ou échapper à la responsabilité pour la longue et douloureuse histoire de crimes contre l’humanité qui n’ont toujours pas été pris en compte dans ces terres riches en minéraux où le pillage, le viol et le meurtre ont laissé des millions de personnes appauvries et en insécurité.”, affirme l’ONG.
M. Kabarebe a été chef d’état-major général de l’armée en RDC à l’arrivée de Laurent Kabila au pouvoir avec le soutien du Rwanda. Plusieurs fois, les autorités congolaises, des organisations nationales et internationales ont dénoncé les rôles du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC, précisément dans sa partie orientale. C’est ainsi qu’à l’occasion du 20e anniversaire de la guerre de six jours à Kisangani entre les armées rwandaise et ougandaise, Dr Mukwege avait plaidé pour l’exhumation du rapport mapping de l’ONU, dans le but de réclamer justice. Ce rapport reprend les crimes graves commis en RDC entre 1993 et 2003.
“Ces efforts d’intimidation semblent répondre à la condamnation par le Dr Mukwege d’une vague de meurtres récents commis par des groupes armés dans les provinces du Sud-Kivu et de l’Ituri en RDC, et également, en réaction aux appels constants du Dr Mukwege pour la mise en œuvre des recommandations proposées de longue date par le rapport des Nations Unies sur les violations les plus graves des droits humains commises en RDC entre 1993 et 2003. Il s’agit notamment de mettre en place des enquêtes et des poursuites pour les atrocités qui ont coûté la vie à des millions de personnes dans la région dont des violences sexuelles de masse qui ont poussé des milliers de femmes et de filles à rechercher et à recevoir un traitement auprès du Dr Mukwege et de ses collègues de l’hôpital de Panzi.”, soutient la déclaration de PHR.
Ce soutien public de PHR à Dr Mukwege est est le premier depuis les allégations des menaces de mort au gynécologue et sa famille. L’ONG américaine demande aux Nations Unies d’assurer la protection du Prix Nobel de la Paix. Elle appelle aussi “tous les gouvernements à s’abstenir et à dénoncer les messages provocateurs qui nient les violations des droits humains et menacent la dignité et la sécurité des défenseurs des droits humains mondiaux respectés comme le Dr Mukwege.”