Sud-Kivu : Des députés provinciaux réclament la destitution du gouverneur Purusi après seulement trois mois de mandat

Sud-Kivu : Des députés provinciaux réclament la destitution du gouverneur Purusi après seulement trois mois de mandat

Par la RÉDACTION

À peine trois mois après sa prise de fonction, Jean-Jacques Purusi, gouverneur du Sud-Kivu, fait déjà face à une pression intense de la part de plusieurs députés provinciaux. Ces derniers réclament son départ, mettant en lumière des enjeux politiques et personnels qui dépassent la simple gestion de la province. Mais quelles sont réellement les motivations derrière cette campagne de destitution ? En analysant les différentes factions impliquées, un ensemble de raisons, souvent contradictoires, apparaît.

 

Les tensions politiques : une rupture avec l’héritage Ngwabidje

 

Une première faction de députés reproche à Purusi d’avoir écarté les employés recrutés par l’ancien gouverneur Théo Ngwabidje Kasi. Ces employés, souvent des proches ou des membres de familles influentes, avaient été embauchés sur la base de recommandations politiques ou familiales. Leur mise à l’écart est vue comme un affront direct aux réseaux de pouvoir mis en place sous l’ancien régime. En effet, Purusi a choisi de rompre avec cet héritage en renouvelant l’administration provinciale, ce qui a suscité des mécontentements chez ceux qui profitaient du statu quo.

 

Un député, sous couvert d’anonymat, confie à BKInfos : « Le gouverneur sortant avait offert des emplois à des proches de certains députés et leaders locaux, sur la base de relations personnelles. Purusi a balayé cela, et c’est principalement ce qui dérange certains de mes collègues. »

 

Les nominations controversées et les promesses non tenues

 

La deuxième source de mécontentement est liée aux promesses non tenues par Purusi concernant la répartition des postes dans son cabinet. Lors de son accession au pouvoir, certains députés avaient obtenu des promesses verbales ou implicites de placements pour leurs protégés dans des postes stratégiques au sein de l’administration provinciale. Toutefois, avec la publication des dernières listes de nominations, ces attentes n’ont pas été satisfaites. Cela a créé une frustration palpable au sein de l’Assemblée provinciale.

 

« Nous avons soutenu son élection en espérant que nos efforts seraient récompensés. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Il a trahi nos attentes », déclare un autre député déçu, qui demande également l’anonymat.

 

Une gestion perçue comme arrogante

 

Un autre point de discorde est la perception d’une gestion autoritaire de la part du gouverneur. Purusi a récemment organisé un grand meeting de redevabilité au stade de la Concorde de Kadutu pour faire le point sur ses trois premiers mois au pouvoir, un événement qui, pour certains députés, aurait dû se dérouler d’abord au sein de l’Assemblée provinciale. Cette démarche est perçue comme une tentative de contourner les élus provinciaux et de se positionner directement face au peuple.

 

« Nous sommes les représentants légitimes du peuple. En organisant son meeting public sans nous consulter et sans rendre compte d’abord à l’hémicycle, il nous a contournés. C’est une atteinte à nos prérogatives », s’insurge l’un des députés opposants.

 

Des intérêts politiques en jeu

 

Outre les raisons immédiates, certains députés pointent également du doigt la politique partisane menée par Purusi. Selon eux, le gouverneur aurait favorisé ses alliés politiques au détriment des autres formations, négligeant ainsi les accords avec les partis qui l’ont soutenu pour son accession au poste de gouverneur. Cette attitude alimente un ressentiment parmi les partis exclus de la gestion de la province, qui se sentent lésés et souhaitent désormais un changement de leadership.

 

« Il a choisi de satisfaire son camp politique. Mais nous, nous choisirons de défendre les intérêts du peuple », affirme un député hostile à Purusi, interrogé par BKInfos.

 

Le rôle ambigu de Feston Kabeza et les manœuvres au sein de l’Assemblée

 

Dans ce contexte tendu, certains députés cherchent également à écarter Feston Kabeza, président du Bureau définitif de l’Assemblée provinciale. Accusé de protéger Purusi, Kabeza est vu par plusieurs élus comme un obstacle à la mise en œuvre de leur plan de destitution. Bien que Kabeza ne dispose que d’un faible soutien avec quatre députés sous son influence, son rôle stratégique au sein de l’Assemblée lui confère un certain pouvoir, qu’il utilise pour contenir la fronde anti-Purusi.

 

Le rejet du budget comme arme politique

 

Face à cette situation, l’une des options envisagées par les députés serait de rejeter le budget que présentera bientôt le gouverneur. Selon la Constitution de la République Démocratique du Congo et la loi sur la libre administration des provinces, un rejet du budget pourrait pousser Purusi à démissionner. Refuser ce projet de loi devient ainsi un levier politique pour affaiblir le gouverneur et précipiter son départ.

 

La démission comme dernier recours

 

Du côté de Purusi, la situation n’est pas encore totalement verrouillée. Selon certaines sources proches de l’administration provinciale, l’option de la démission serait envisagée par le gouverneur lui-même, pour des « raisons de convenance personnelle ». Cette possibilité reste toutefois hypothétique et dépendra probablement des prochains développements politiques au sein de la province.

 

Une lutte d’intérêts déguisée en crise politique

 

Derrière cette apparente crise institutionnelle se cache une lutte d’intérêts personnels et politiques. Entre les promesses d’emplois non tenues, les manœuvres partisanes et les stratégies de maintien du pouvoir, la tentative de destitution de Purusi met en lumière les rouages complexes des rivalités politiques au Sud-Kivu. La suite des événements dépendra en grande partie des choix que feront les députés provinciaux et du soutien ou non qu’ils pourront obtenir dans leurs démarches.

 

Le gouverneur Jean-Jacques Purusi saura-t-il naviguer à travers ces eaux troubles ou succombera-t-il aux pressions de l’Assemblée provinciale ? L’avenir du Sud-Kivu reste suspendu à ces décisions cruciales.

 

 

Janvier Barhahiga

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