Sud-Kivu : Des écoles catholiques accusées de contourner la gratuité de l’enseignement
Ce lundi 23 septembre 2024, une réunion sous haute tension s’est tenue au ministère de l’Éducation primaire, secondaire et professionnelle (EPSP) à Bukavu, dans un contexte de vives accusations à l’encontre de certaines écoles catholiques, soupçonnées de percevoir des frais scolaires en violation de la politique de gratuité de l’enseignement.
Parmi les six gestionnaires attendus, seul l’abbé MUKATA, coordinateur des écoles conventionnées catholiques, a répondu présent devant le Ministre provincial de l’EPST au Sud-kivu et inspecteurs ,pour défendre les établissements visés.
L’abbé Mukata a dénoncé l’absence de preuves concrètes appuyant les accusations portées contre les écoles catholiques.
« On parle de paiements faits à la banque, mais aucune preuve n’a été fournie jusque-là », a-t-il affirmé à BKInfos à l’issue de la réunion.
Il a souligné qu’il se rendait régulièrement dans les écoles concernées pour vérifier ces allégations, sans avoir des preuves matériels confirmant les transactions illégales.
Les accusations : une affaire sans preuves ?
Selon les inspecteurs présents dans la réunion au ministère, plusieurs écoles de la commune d’Ibanda, notamment l’école primaire Nyalukemba, actuellement en grève, et l’école primaire HESTONAC, auraient perçu des frais malgré la gratuité. Le collège Alfajiri, souvent mentionné sur les réseaux sociaux, fait aussi l’objet d’accusations, bien que ses enseignants perçoivent régulièrement des primes de la gratuité de 260 000 FC par mois et par rnseignats, en plus d’un budget de fonctionnement de 2 millions de FC. « le collège n’a pas intérêt de percevoir l’argent car il est déjà parmi les écoles bien servis de la gratuite raison de l’ouverture de la rentrée scolaire contrairement d’autre école où des enseignants perçoivent 50 000fc le mois de frais de la gratuite »a mentionné abbé MUKATA.
Cependant, des parents d’élèves de certaines écoles, notamment de l’école primaire Hestomac, affirment avoir reçu des instructions pour effectuer des dépôts bancaires de 50 $ par trimestre et par écolier pour le compte de la fondation Hestomac via l’institution de microfinance SMICO.
De plus, au collège Alfajiri, des enquêtes des certains acteurs de la société civile révèlent qu’une prime de 70 $ par trimestre serait exigée et déposée à la Coopec CAHI, un compte géré en collaboration avec le président du comité des parents et quelques délégués de cette écoles.
Ces pratiques, selon des sources locales, se feraient en toute discrétion, en connivence avec certains parents.
Le collège Alfajiri sait-il rebellé contre la gratuite ?
Malgré l’interdiction formelle édictée par la ministre de l’Éducation nationale, Raïssa Malu Dinanga, le 12 août 2024, visant à proscrire la perception de frais supplémentaires comme les frais d’inscription ou de confirmation, le collège Alfajiri semble défier ces directives. L’établissement a repris ses cours dès le 2 septembre 2024, alors que d’autres écoles publiques de la région respectent toujours la suspension des activités en raison des grèves liées à la gratuité.
Cette attitude perçue comme « rebelle » suscite l’indignation de nombreux observateurs. Le non-respect de la gratuité de l’enseignement, pourtant garantie par l’article 43 de la Constitution congolaise, met en lumière une dérive préoccupante.
« Nous ne pouvons plus accepter qu’un groupe d’individus mette en péril l’éducation de l’élève congolais pour des intérêts égoïstes », s’insurgent certains parents et militants de la société civile.
Vers une action judiciaire ?
Les autorités locales ne comptent pas rester inactives face à cette situation. Une équipe d’enquête a été déployée pour examiner les pratiques du collège Alfajiri et des écoles soupçonnées de violer la gratuité. Si les accusations se révèlent fondées, des actions judiciaires pourraient être engagées contre les responsables des établissements concernés. L’objectif est clair : restaurer l’équité dans l’application de la politique de gratuité de l’enseignement et garantir aux élèves congolais une éducation conforme aux dispositions constitutionnelles.
En attendant, l’abbé Mukata appelle à la prudence et insiste sur la nécessité de se baser sur des preuves tangibles avant de lancer des accusations :
« Toute personne disposant de preuves de paiements illégaux dans les écoles catholiques est invitée à les déposer à mon bureau pour enquête », a-t-il déclaré, réaffirmant l’engagement de son organisation à collaborer pour une éducation équitable et transparente.
Cette polémique soulève de nombreuses questions quant à la gestion de la gratuité de l’enseignement au Sud-Kivu, et l’issue de l’enquête en cours sera déterminante pour l’avenir des écoles catholiques de Bukavu.