Sud-kivu : AFEM en appel à des réformes pour sécuriser les parcours des femmes dans les écoles, universités et lieux de travail

Par Joëlle KUJIRABWINJA

Bukavu, 17 septembre 2024 – L’Association des Femmes des Médias (AFEM), en partenariat avec l’organisation suédoise Kvinna till Kvinna, a organisé un lunching ce mardi à Bukavu, Sud-Kivu, pour présenter les résultats d’une recherche approfondie menée en 2023 sur la sextorsion en milieu scolaire, universitaire et professionnel. Cette rencontre vise à sensibiliser les décideurs et les parties prenantes aux réformes systémiques nécessaires pour enrayer ce phénomène et renforcer la sécurité des femmes et des filles dans leurs parcours éducatifs et professionnels.

 

La sextorsion, une forme insidieuse de corruption sexuelle, se répand de manière inquiétante au sein des institutions éducatives et professionnelles au Sud-Kivu, mettant en péril les efforts de promotion des droits des femmes. Cette pratique consiste à exiger des faveurs sexuelles en échange de services ou d’avantages qui devraient normalement être accordés de manière légale et éthique. Les conclusions de cette étude révèlent que les écoles, universités, et même certains lieux de travail et religieux ne sont pas épargnés.

 

Caddy Adzuba : « La sextorsion bloque la promotion des droits des femmes »

 

Mme Caddy Adzuba, présidente du Conseil d’Administration de l’AFEM, a exprimé sa profonde inquiétude face à l’expansion de ce fléau : « Il est déplorable de constater que la sextorsion s’infiltre dans nos institutions les plus respectées – écoles, universités, églises – et devient un obstacle majeur à la promotion des droits des femmes et des filles. Cela bloque leur accès à une éducation et à des opportunités professionnelles sans contraintes », a-t-elle déclaré.

 

Elle a souligné que la sextorsion n’est pas seulement une question d’abus sexuel, mais aussi une atteinte grave à la dignité humaine, au droit à l’égalité des chances et à la justice. Mme Adzuba a également rappelé que cette pratique implique un abus de pouvoir systématique, où les femmes et les jeunes filles sont contraintes d’accepter des propositions dégradantes sous peine de voir leurs droits ou opportunités leur être refusés.

 

Un débat crucial pour orienter les réformes systémiques

 

La rencontre a réuni des représentants des autorités administratives, des organisations internationales, des associations de la société civile et des défenseurs des droits des femmes, pour réfléchir ensemble aux actions à entreprendre contre la sextorsion. Mme Adzuba a insisté sur l’urgence d’engager un débat national et régional pour « dresser l’état des lieux des efforts de lutte contre la sextorsion et concevoir des réformes qui induiront des changements durables ». Selon elle, ce débat doit aboutir à l’adoption de mesures législatives rigoureuses ainsi qu’à la mise en œuvre de politiques publiques visant à protéger les victimes et à responsabiliser les institutions.

 

L’AFEM espère que les discussions autour de la sextorsion déboucheront sur des solutions concrètes, notamment une révision des mécanismes de dénonciation et de protection des victimes, un suivi strict des comportements dans les établissements éducatifs et professionnels, et une responsabilisation accrue des dirigeants institutionnels.

 

Sextorsion : Un champ à part entière des politiques publiques

 

Mme Adzuba a rappelé que la sextorsion, bien que souvent passée sous silence, doit être considérée comme un véritable domaine de corruption qui requiert des politiques spécifiques pour être éradiqué. « Ce fléau, inventé par les femmes juges pour désigner une forme de corruption sexuelle, doit être combattu comme toute autre forme d’abus de pouvoir. Il est intolérable que des femmes et des filles soient encore forcées à échanger des faveurs sexuelles contre des services ou des droits auxquels elles ont légalement droit », a-t-elle martelé.

 

Elle a appelé à la mise en place de cadres législatifs spécifiques pour sanctionner sévèrement les cas de sextorsion et a réitéré l’importance de créer des mécanismes de prévention et de réponse, tels que des comités de surveillance dans les institutions et des lignes d’assistance téléphonique dédiées pour signaler anonymement ces abus.

 

Les bonnes pratiques et la responsabilité des institutions

 

L’une des propositions clé de cette rencontre est l’élaboration d’une cartographie des bonnes pratiques en matière de lutte contre la sextorsion, afin de promouvoir des modèles reproductibles dans différents secteurs. Les autorités présentes ont reconnu la nécessité d’une collaboration active entre les institutions, la société civile, et les partenaires internationaux pour établir des environnements de travail et d’apprentissage sûrs pour les femmes et les jeunes filles.

 

Parmi les mesures envisagées figurent des campagnes de sensibilisation, des formations à destination des enseignants, employeurs et responsables administratifs, ainsi qu’une réforme des politiques internes des institutions pour inclure des protocoles stricts de prévention et de sanctions contre la sextorsion.

 

Un appel à l’action

 

L’AFEM et Kvinna till Kvinna espèrent que cette initiative marquera le début d’une mobilisation plus large contre la sextorsion, et appellent tous les acteurs de la société à s’engager activement dans cette lutte. « Il est impératif que les décideurs prennent conscience de l’ampleur de la sextorsion et des conséquences désastreuses qu’elle a sur les parcours des femmes. Seules des réformes systémiques permettront d’offrir aux femmes et aux filles un environnement sûr et respectueux de leurs droits », a conclu Mme Caddy Adzuba.

 

L’événement s’est achevé sur une note d’espoir, les participants s’engageant à œuvrer ensemble pour mettre fin à cette forme de corruption sexuelle qui entrave l’épanouissement des femmes dans le Sud-Kivu et au-delà.

 

 

Janvier Barhahiga

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