Sud-Kivu/Nécrologie : L’écrivain, poète et metteur en scène Celestin NTAMBUKA est mort à l’âge de 79 ans.

Sud-Kivu/Nécrologie :  L’écrivain, poète et metteur en scène Celestin NTAMBUKA est mort à  l’âge de 79 ans.

Il s’est éteint dans la mâtinée de ce lundi 15 Mars 2021 à l’âge de 79 ans dans sa ville natale de Bukavu.

Retour sur sur ses livres, les étapes décisives de sa vie, son dernière interview, ses poèmes et publications des années 60 et 70, ses lieux favoris a Rdc et dans les mondes, ses annonces, les hommages rendus à l’homme qui incarnait l’esprit congolais.

L’un des grands poètes de son histoire de son pays et du monde; Célestin Ntambuka Mwene C’Shunjwa,écrivain, créateur, poète, metteur en scène faisant la fierté du pays de part sa plume forte ainsi que ses fond littéraire.

Sur ce lien youtube en dessous Celestin NTAMBUKA a parlé de morts dans la sous- region de grand-lacs avec les guerres en repetition.

Qui est le poète Ntambuka ?

Célestin Ntambuka Mwene C’Shunjwa est né en 1942 au Sud-Kivu,il est marié et père de cinq enfants. Après deux années d’études en philologie africaine à l’Université Lovanium
de Kinshasa en 1970, il se lance aussitôt dans l’enseignement puis dans le secteur privé, et pour finir dans le journalisme où il vient d’accomplir 25 ans de service.

Sa grande passion a toujours été la production littéraire (poésie,contes,nouvelles,théâtre,etc.),oeuvres en grande partie inédites faute de moyens.

Depuis 1972,il n’a cessé de parcourir écoles et salles de spectacles pour donner,sous-forme de récitals dits et chantés, son«utopie» d’un monde nouveau où enfin Le prêtre et Luciferen tonneront le TeDeum.

On le voit ainsi dans son pays,la République démocratique du Congo,les pays voisins (le Rwanda et le Burundi),on le voit à Santa Cruzen Californie (USA) en1987 et en France en 1990. Il se produit au Festival International des Francophonies de Limoges,et effectue même un voyage Limoges-Eymoutiers dans un train baptisé pour la circonstance«train du conte».


Il a surtout travaillé avec des organismes internationaux (CICR,
MALTESER,UNICEF,etc) pour la sensibilisation des populations aux valeurs et droits humains.

Son livre le plus célèbre reste pour le moment le recueil de poèmes Gris Globules publié au Centre Culturel Français de Bukavu en 1974.

Une très grave maladie : dans sa famille, il a été le premier à « attraper la culotte ». Les choses se passent à Mwimbi, dans un village perdu du continent-pays Congo, au Sud-Kivu. « Un jour, je ne sais quelle bêtise j’ai commise et mon père a décidé, excédé, de m’envoyer à l’école des Blancs », raconte Célestin Ntambuka.

Célestin, 1957. Fini les caches-sexe : le petit monsieur entre au secondaire au Petit Séminaire de Mugeri, puis au Collège Notre Dame de la Victoire (actuel Collège Alfajiri de Bukavu) où il termine son cycle en 1963. Son père le voit déjà prêtre, un honneur pour la famille… Célestin, lui, souhaite justement entrer dans l’ordre des Montfortains, une congrégation mariale,

« car j’avais l’impression d’avoir été, dès le départ, féministe », analyse l’écrivain. L’évêque lui refuse cette voie de missionnaire, et une année après, Célestin se retrouve au Grand Séminaire de Murhesa : quatre ans de philo et théologie au programme.

Une rencontre tardive


Les premières rencontres avec la littérature, c’est au secondaire, dans le théâtre. Pas mal, comme acteur. Personnalité : « Parfois impulsif, assez curieux, mais avec une constante : l’amour et l’universel », parle de lui Célestin.

Après Murhesa, c’est à l’université de Luvanium à Kinshasa que le séminariste, en provenance de l’austère province, découvre la capitale. Et ses réalités. Des étudiants qui se moquent des corbillards (alors qu’il vient d’une culture qui accorde tant de respect aux morts), les tricheries à l’amphithéâtre (alors qu’à Mwimbi, Célestin passait ses examens sans surveillants –

« après avoir marqué les questions au tableau, le professeur s’en allait et fermait la porte derrière lui, sans que personne ne songe un seul instant de voir ce qu’avait écrit à côté » vous fusille-t-il...); bref, tout un autre monde.

Et la littérature surgit : « Le premier poème que je compose est dédié à un confrère de Bukavu qui, à 2000 km des lieux, apprend un bon matin que sa fiancée est décédée »… Ses textes, Célestin les partage avec une mordue de poésie, Faïk Nzuji Clémentine, qui deviendra plus tard docteur d’État ès Lettres. Sauf qu’il ne pourra pas continuer ses études: « Je n’avais pas d’argent, et je me suis arrêté en deuxième année, en Philosophie et Lettres ».

L’enseignement, puis la politique

Après cette brutale interruption de sa formation universitaire en 1970, Celestin s’enfonce encore plus dans l’écriture, et l’enseignement. Collège Saint-Augustin (dans l’ex Bas-Zaïre), Lycée de Mwanda, puis Collège Saint-Paul (Bukavu).

1976 : la vie religieuse prend définitivement fin avec la naissance officielle de son premier fils, suivi de quatre autres enfants. Plus tard, l’artiste sera même recruté par la Présidence de la République sous le « fraternel » regard du Maréchal Mubutu, pour assurer les relations publiques et la gestion de la bibliothèque d’un Institut de Recherche Scientifique. A-t-il résisté, face à ce qui est décrit comme un enrôlement ? « C’était à l’époque du parti unique, et refuser valait presque signer sa mort », explique l’écrivain. Puis, philosophe : « J’ai toujours préféré que la politique s’intéresse à moi plutôt que l’inverse, car il y a tellement d’hypocrisie ».

Célestin s’éveille, quand il aborde ce sujet, estimant qu’en général, « et c’est vraiment pathétique, nous avons des oppositions aux pouvoirs en place prêtes pour des crocs-en-jambe sans apporter de véritable alternative, surtout quand ils accèdent aux affaires! » Revient vers sa carrière dans le célèbre Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) sur lequel trônera Mobutu, pour en rappeler le mot d’ordre, soulignant par là l’urgence de la survie à l’époque : « Olinga, olinga te! » – Que tu le veuilles ou pas…

Célestin continuera à parler d’amour, et d’attrait pour l’universel. Il évoque même, dans ses compositions, « le Parti de Rassemblement des Hommes ». Les lecteurs s’interrogent sur cet artiste, tout de même, « qui peut concevoir un parti autre que le MPR! »

Pour un si grand chantre de l’amour, une question : « Et l’épouse, dans tout ça ? » Dans cette vie pudiquement caché derrière un regard rougeoyant, mi-sévère, mi-souriant, Célestin soupire: « Elle a disparu mystérieusement en 1996 » : 

– Disparu ?!

– Oui, partie, je ne sais plus où elle est!

Puis maugrée : « Nous devons aller aux delà de nos frontières! » L’homme, près de son baluchon posé à ses pieds, dans ses habits fatigués quoiqu’emprunts de tenue, cet artiste qui avoue entre deux regards pudiques « être sur la touche », parle-t-il de mort, du souffle de la création ? Ou d’amour, toujours ? Soudain, on a peur d’une question de plus.

En somme,le journal kivu5 joint sa voix à celle des poètes de la RDC et présente ses condoléances à la famille du poète Ntambuka et à toute la population du Sud-Kivu.

Avec kivu5 et la plateforme « Samandari»

Janvier Barhahiga

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