Sud-kivu : Un chef mai-mai poursuivi en justice pour crime contre 350 victimes
Le procès de Donat Kwenga Omari, ancien Major des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), s’ouvre
Ce 25 octobre 2024 devant le Tribunal militaire de garnison de Bukavu, marquant une étape significative dans la lutte contre l’impunité pour les crimes contre l’humanité commis dans l’est de la RDC.
Donat Kwenga est accusé de graves violations des droits humains, incluant viols, esclavage sexuel, meurtres, tortures, privation de liberté, pillage et destruction de biens, perpétrés dans les territoires de Shabunda et Kalehe entre 2016 et 2021, alors qu’il était à la tête d’une coalition de groupes armés Raia Mutomboki, nommée « Forces Populaires de Paix ».
Un ancien militaire au cœur des exactions
Ancien Major de l’armée nationale congolaise, Donat Kwenga avait déserté en 2012 pour former sa propre milice, rejoignant rapidement les rangs des Raia Mutomboki (RM), une coalition d’autodéfense armée née en réponse aux exactions des milices FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) contre les populations locales. En prenant la direction de la coalition « Forces Populaires de Paix », Donat Kwenga est devenu une figure centrale de l’insécurité qui sévit dans le Sud-Kivu depuis plus d’une décennie.
Ce procès intervient après une série de condamnations visant d’autres chefs Raia Mutomboki, dont Kokodikoko en 2019, Hamakombo en 2020, et plus récemment Bralima et Ndarumanga en 2023. La justice congolaise semble ainsi déterminée à démanteler ces groupes armés, reflétant l’engagement des autorités à éradiquer ces forces de violence.
Un procès essentiel pour les victimes
Le procès de Donat Kwenga revêt une importance cruciale pour les plus de 350 victimes identifiées, qui pourront pour la première fois faire entendre leurs voix devant la justice. Selon Daniele Perissi, responsable du Programme RDC de TRIAL International, « Donat était la tête pensante de la coalition d’un certain nombre de milices RM actives dans la province. Nous espérons que ce procès permettra d’établir la vérité sur le rôle qu’il a joué dans la commission de crimes généralisés à l’encontre de plus de 350 victimes, incluant de nombreux mineurs. »
Dans le cadre de la procédure, le Tribunal militaire de Bukavu a décidé de tenir des audiences foraines le long de l’axe de Miti, facilitant ainsi l’accès des victimes et des témoins aux sessions. Les audiences se poursuivront à Walungu, et le verdict est attendu pour la première partie du mois de novembre.
Les Raia Mutomboki, dont le nom signifie « citoyens en colère » en swahili, ont émergé en 2011 comme groupes de défense face aux exactions des FDLR et au vide sécuritaire dans la région. Cependant, ils ont progressivement évolué en milices armées s’en prenant aux civils, imposant leur propre autorité sur certaines portions du territoire du Sud-Kivu. Ce procès de Donat Kwenga marque un pas vers la reconnaissance des souffrances des populations locales et pourrait constituer un précédent significatif pour la lutte contre les crimes de guerre en RDC.
Ce procès emblématique s’inscrit dans un contexte de renforcement de la justice militaire en RDC pour répondre aux atrocités commises dans l’est du pays, soulignant l’importance d’une justice équitable pour les victimes et d’un engagement soutenu contre l’impunité.