ENVIRONNEMENT : Deux journalistes sont assassinés par an pour avoir enquêté dans le secteur environnemental,( rapport RSF2020 )
Près de deux journalistes sont assassinés tous les ans pour avoir enquêté sur la déforestation, l’extraction minière illégale, l’accaparement des terres ou plus spécifiquement sur la pollution, les conséquences environnementales d’activités industrielles ou de projets de construction d’infrastructures majeures. Selon le rapport de reporter sans frontière de l’année 2020.
Selon ce rapport qui rapporte seulement un cas en Afrique en une décennie, 20 journalistes ont été tués pour avoir traité de sujets environnementaux.
« C’est le cas en Egypte d’une journaliste spécialisée sur les questions environnementales et qui souhaite garder l’anonymat. A la suite de la publication d’articles sur un sujet sensible lié aux importations de charbon, elle a constaté être sous surveillance et ne peut plus voyager sans être bloquée pendant plusieurs heures à l’aéroport. » mentionne le rapport dans ses colonnes.
Cependant le continent d’Asie et l’Amérique latine sont ciblés comme zone rouge de journalistes traitant la question environnementale.
« Dix d’entre eux l’ont été au cours des cinq dernières années. Neuf de ces derniers ont été froidement assassinés en Colombie (2), au Mexique (1), aux Philippines (1), en Birmanie (1) et en Inde (4). Parmi eux, le correspondant du quotidien hindiphone Kampu Mail, Shubham Mani Tripathi, abattu de six balles dont trois en pleine tête en juin 2020. Le journaliste indien venait de partager sur Facebook ses craintes d’être assassiné par la “mafia du sable” en raison des enquêtes qu’il menait sur des cas d’expropriations illégales. »
la quasi-totalité des homicides de journalistes environnementaux (90%) se concentrent en Asie du Sud (Inde) et Asie du Sud-Est (Cambodge, Philippines, Indonésie). Selon le rapport de reporter sans frontière de l’année 2010. L’Inde est le pays de tous les records démontre le statistique de RSF
« Le nombre de journalistes tués en inde seulement sont 4, du nombre d’agressions violentes 4 et de journalistes faisant l’objet de menaces et poursuites judiciaires 4. La quasi-totalité des cas d’exactions est liée à “la mafia du sable” si les exactions contre les journalistes environnementaux se produisent sur l’ensemble des continents, deux régions du monde concentrent 66 % des incidents répertoriés : » rapporte ce rapport.
Neuf journalistes ont ainsi récemment fait l’objet de procédures judiciaires à travers le monde.
Parmi eux, le journaliste thaïlandais Pratch Rujivanarom. Pour avoir rédigé un article pour le quotidien en langue anglaise The Nation dénonçant la pollution de l’eau par les activités de la compagnie minière MPC
En France, la journaliste indépendante Inès Léraud, qui enquête sur les conséquences environnementales de l’agriculture intensive en Bretagne, fait déjà l’objet de deux plaintes en diffamation en l’espace de deux ans.
Si la plupart des poursuites judiciaires engagées dans des cas similaires aboutissent à la relaxe des journalistes, certaines procédures peuvent les conduire en prison pour longtemps.
En Ouzbékistan, SOLIDJON ABDOURAKHMANOV, auteur de nombreux articles sur les conséquences de la catastrophe écologique de la mer d’Aral, n’est redevenu un homme libre qu’en 2017, après neuf ans passés derrière les barreaux.
Au Guatemala, le journaliste Carlos Choc risque 20 à 30 ans de prison pour avoir dénoncé la contamination d’un lac par la compagnie minière CGN-Pronico.
En Inde, ce n’est qu’à l’issue de 22 ans de procédure que le journaliste de Newstime Shailendra Yashwant, son rédacteur en chef Ramoji Rao et le rédacteur en chef de Sanctuary Features, Bittu Sahgal, accusés de diffamation pour avoir écrit et publié un article faisant état de la pollution dans l’Etat du Gujarat, ont finalement été acquittés !
Les journalistes écologistes sont également objet de multiples interpellations et la mise en garde à vue.
« La Russie, début juin 2020, une journaliste et un photographe, Elena Kostyuchenko et Youri Kozyrev, ont été détenus à plusieurs reprises alors qu’ils enquêtaient pour le journal Novaya Gazeta sur la catastrophe écologique de Norilsk, sous le prétexte d’avoir « violé la quarantaine , Au Canada et aux Etats-Unis des dizaines de journalistes ont été interpellés entre 2016 et 2020 alors qu’ils couvraient des manifestations d’écologistes et de communautés autochtones opposés à la construction d’un gazoduc, d’un grand barrage hydroélectrique et d’un pipeline sur leurs terres ancestrales. »
Avec Reporter sans frontière.